La Peinture Francaise

AVANT PROPOS

On a appelle le XVII-ème siècle française le « Grande Siècle » parce que, sous le règne personnel de Louis XIV, il fut le siècle De Corneille, Racine, Molière, des peintres « de la réalité » : Poussin, Lorrain et Watteau. On va nous concentrer sur le peintre classique Claude Lorrain, qui représente un des plus grands peintres de cette époque-là.

Le paysage, dans son œuvre, tient une place exclusive, alors même qu’il sert de cadre à une scène biblique, historique ou mythologique. Avant de décrire le génie de Claude Lorrain, dans les premiers chapitres, I et II, j’ai présenté le contexte culturel du XVII-ème siècle, le genre et l’ordre de ce siècle.

Au XVII-ème siècle, s’opposent deux grands styles embrassant toutes les pratiques artistiques, le style classique et le style baroque. C’est l’époque des artistes réalistes, des peintres contemporaines de Lorrain : le Nain, le Sueur, Charles le Brun, Georges de la Tour et Poussin qui eut une remarquable influence sur le peintre Lorrain.

Les Chapitres III et IV sont, tous les deux, consacrées au Lorrain.

J’ai décrit en détails ses grandes thèmes : le paysage, les marines et la lumière. Ses tableaux ont toujours un caractère de beauté dans toutes les créations de son pinceau; mais sa force suprême consiste a unir l’éclat a la fraîcheur, l’ombra a la lumière.

La plupart de sa vie, il l’a mené en Italie, à Rome. En Italie, il a développée peu à peu son style, sa technique, sa sensibilité et il est assez vite devenu un artiste reconnu, recevant des commandes des plus hauts dignitaires. Ses paysages, ports, marines, campagnes avec ruines, baignes de cette lumière si particulière donnée par un soleil levant invisible, cache par les nuages ou imagine hors du champ du tableau. On aime à plonger dans ses paysages, et lorsqu’on les regarde, on s’aperçoit très vite qu’ils mettent en scène, au premier plan, mais aussi dans les lointains, de tout petits personnages, bergers anonymes ou héros de la mythologie. Et on est, force de remarquer que, loin d’être des présences anecdotiques, ces personnages occupent une place essentielle dans la composition. Ce qui nous conduit au cœur de la réflexion de l’artiste sur l’interaction des hommes et du paysage.

Il reste célèbre par ses marines « Ulysse remet Chryséis à son père » et par ses paysages inondes par la lumière « La Fête Villageoise ».

Le dernier chapitre, V, c’est la postérité, l’héritage de Lorrain. Il eut influence en France sur Corot et Vernet.

En Hollande, sur Van Goyen, qui a été appelée, le Claude Gelée des Pays-Bas. Mais c’est le peintre anglais Turner qui fut le plus influencé par Lorrain : Turner suivit l’exemple de Lorrain, lui aussi, fut un maître du paysage, des marines.

CHAPITRE I CONTEXTE CULTUREL

I.1. L'ART AU XVII SIÈCLE EN FRANCE

Le XVIIe siècle n'a pas fini de vivre : il reste notre premier précepteur et bien souvent il demeure notre compagnon fidèle : Dès l'enfance, La Fontaine nous accueille et, au collège, Pascal et Descartes nous ouvrent tout grands les horizons de la liberté intellec¬tuelle ; les noms de Molière, Corneille et Racine reviennent sans cesse sur les affiches de nos théâtres. Les plus belles places de nos villes, leurs plus nobles perspectives, un grand nombre de maisons et de châteaux portent la marque de ce temps. Bon gré, mal gré, c'est ce siècle que nous retrouvons toujours, et, s'il forme notre pensée il nous donne même par¬fois le cadre de nos vies : Paris lui doit son caractère urbain et ses plus beaux monuments : A l'Observatoire comme au Luxembourg, au Marais et à la place des Vosges, au Pont Neuf et à la place Dauphine, au Louvre, à la place des Victoires, à la place Ven¬dôme, aux Boulevards, aux Tuileries avec la perspective des Champs-Elysées et le Cours-la-Reine, au Val-de-Grâce comme à l'Hôtel des Invalides, tout le siècle est là et trots règnes avec lui...

Il faudrait pouvoir rendre d'ensemble le mouvement qui emporte ce siècle, car il se plaît essentiellement à tout ordonner, les villes, les jardins et les parcs, les façades et les intérieurs pour l'effet général comme pour l'utilité commune. Le décor monumental qui le préoccupe chaque jour davantage unit pour ses ensembles architectes, sculpteurs et peintres.

Ce besoin d'ordre ne doit pas nous surprendre, non plus que l'éclectisme de ses commencements, après les massacres, les destructions et les désordres des guerres de religion : on est trop pressé pour choisir et l'on prend son bien ainsi que les artistes, partout où on les trouve.

C'est par suite du voisinage et qu'entre les Pays-Bas et le nord de la France, la démarcation est incertaine et mouvante et ne compte pas à côté des Alpes. Il n'y a pas à Paris de quartier italien, il y en a un flamand, rempli d'artisans et d'artistes. Mais tous, Flamands ou Français, tournent leurs regards vers l'Italie.