Le theatre vu par Antonin Artaud

L’œuvre d’Antonin Artaud nous « confesse » l’idée que le théâtre ne doit pas être psychologique mais plastique et physique, l'idée que le théâtre n’est pas un art de la représentation littéraire, mais il devrait être basé sur l'expression d'un langage du corps, de la voix et gestuel.

Pendant le XXe siècle et au début du XXIe siècle on a vu une période pleine de révolte et de guerre, des catastrophes naturelles et militaires, qui ont posée leur empreinte, d’abord, sur le caractère humain. Ces sentiments d'impuissance que jaillissaient des défaites et des traumatismes profondes laissés par ces événements, ont trouvé un équivalent dans le domaine des arts, y compris aussi le théâtre.

Le théâtre de la cruauté est le théâtre qui choisit des sujets et des thèmes en accord avec l'excitation et l'angoisse caractéristique de notre époque. Il a été créé dans le corps blessé de l'artiste qui, touché dans la vie physique, essaye d'exhaler dans une manière émotionnelle et artistique tous ses sentiments, ses frustrations, ses déceptions. De plus, il va glisser dans l’homme non seulement la face, mais aussi l'inverse de l'esprit, où la réalité des rêves et de l'imagination va apparaître sur un pied d'égalité avec la vie.

Le fragment donné est une partie d’une vraie analyse d’Antonin Artaud, « Le théâtre et la peste », où il démontrera qu’il y a une forte relation entre le théâtre et la peste. Pour l’écrivain, la peste est «le jeu absolu et sombre d’un spectacle» . Le modèle du théâtre est cette maladie infectieuse, qui déchire le moi, qui réveille «tous les conflits qui dorment en nous» . Il y utilise « le symbole » qui l’aide dans cette comparaison- les symboles sont les attitudes dissimulées de l’homme, des attitudes qui se réveille quand l’homme est dans une situation-limite. Cette maladie infectieuse offre des images d’un monde plein de la panique, images qui dilatent les perceptions. Ces représentations sont associées aves les images créées par une pièce de théâtre, qui relèvent des sentiments, qui sont toujours cachés dans la société. Les choses commencent se confondre et l’impossible devient le possible, parce que tout est poussé aux extrêmes: « La peste prend des images qui dorment, un désordre latent et les pousse tout à coup jusqu'aux gestes les plus extrêmes ; el le théâtre lui aussi prend des gestes et les pousse à bout : comme la peste il refait la chaîne entre ce qui est et ce qui n'est pas, entre la virtualité du possible et ce qui existe dans la nature matérialisée » .

La mort n’est plus sentit avec beaucoup de frayeur, mais elle est vue comme une expérience quotidienne, comme le fin naturel de la vie. La peste tue, aussi comme le théâtre peut « tuer », détruire les apparences, les façons de vivre. Dans un monde où domine l’ordre toutes les choses paraissent réelles, mais ce n’est pas la vraie réalité, parce que la réalité survient seulement quand on a des situations-extrêmes. Une situation comme telle est l’apparition de la peste, qui change l’esprit. L’effroi s’installe sur les visages des hommes et les change radicalement. Avec cette occasion on voit aussi l’envers du caractère de l’homme. Le théâtre ne veut pas souligner, il doit « faire penser », il doit permettre à l’esprit d’attitudes non pas rationnelles. Il se propose nourrir l’esprit comme nourrir la flamme d’une lampe. Si pour l’Occident l’art a seulement une forme utilitaire (pour divertir), pour Artaud il s’agit de trouver la profondeur de l’art théâtrale, parce que l’art est l’expression d’une manière d’être-elle s’exprime, aussi comme l’homme s’exprime. La peste « prend des images qui dorment » , des images nouvelles pour l’humanité, aussi comme par le théâtre on doit découvrir à partir des gestes des acteurs des vérités cachées, des expériences virtuelles, qui n’étaient pas vécues.

L’objet du théâtre est la rencontre de l’être avec la mort, qui est vue comme la chance suprême de l’être humain, comme un privilège de savoir qu’il va mourir. La peste donne cette chance et par son texte, Artaud veut éveiller l’homme au sentiment de la présence de la mort toujours là. Ainsi, la mort devient son ombre.

À la proximité de la mort, causée par la présence de la peste et du théâtre, on découvre une autre faculté de l’homme. Il n’a pas un savoir théorétique sur l’être humain, mais seulement une expérience sociale, parce que dans ces situations il appelle à la sensibilité et non pas à l’intelligence. Ainsi, ce qui était la réalité hier, n’est plus aujourd’hui. Toute réalité est traitée par la notion du « rêve éveillé »: le théâtre retrouve « d'images dans nos têtes brusquement réveillées; tous les conflits qui dorment en nous, il nous les restitue avec leurs forces » . Dans un moment de crise, l’être humain n’est plus capable de raisonner et dans son intérieur on trouve une lutte pour la vie, parce que toutes ses valeurs sont bouleversés par l’atmosphère créé autour de lui: « et voici qu'a lieu devant nous une bataille de symboles, rués les uns contre les autres dans un impossible piétinement » .